Déjà un peu plus de cinq semaines que nous sommes partis et quatre que nous avons mis les pieds en Turquie. Le trajet a été long jusqu'à Damas et nous avons traverse des régions fort différentes, des villes, des campagnes, des villages.
Tout le long de ce trajet j'ai note une évolution dans le port du voile par les femmes.
Même si nous ne nous sommes pas promenés dans les quartiers les plus traditionalistes, a Istanbul, beaucoup de jeunes n'en portent pas du tout et sont vêtues a "l'occidentale". Beaucoup de jeunes femmes portent également un foulard, mais presque comme un article de mode. Bien que toujours noue strictement sans qu'aucun cheveux ne dépasse, il est assorti a la robe, a la jupe, au sac a main. Ces jeunes portent même des robes ou des jupes très cintrées, des hauts très près du corps. Elles sont très très féminines, souvent bien maquillées et portent des talons hauts la plupart du temps. Elles sortent entre filles ou avec des garçons, fument le narguilé ou des clopes, tiennent leur chéri par la main ou se serrent contre lui dans les bars a narguilé.
Sur la cote nord de la Turquie, le long de la mer noire, les filles sont également peu voilées dans l'ensemble. La cote est un lieu de vacances pour les Turcs et on vient pour s'y amuser pendant les vacances.
Par contre, des que l'on s'éloigne de la cote pour descendre vers le Sud Est du pays les choses changent. Les voiles perdent en couleur et deviennent gris, marrons, bleu marine. Les boutiques de pardessus fleurissent. On voit tout de même les plus jeunes les cheveux libres et en tenues "occidentales" (je n'aime pas ce mot, mais c'est plus aise pour la comparaison). Même dans les villes dites plus conservatrices comme Erzurum nous n'avons pas beaucoup vu de femmes tout de noir vêtues.
Dans les campagnes, les femmes portent un fichu sur la tête pour les travaux dans les champs ou a la maison.
A Sanliurfa, dernière grande ville Turc avant le passage en Syrie, nous avons vu pas mal de femmes en noir des pieds a la tête, emmitouflées dans un grand linge noir mais elles venaient en pèlerinage sur le tombeau d'Abraham.
Par contre, le nord de la Syrie s'est révélé particulièrement traditionaliste. On voit couramment dans les villages des petites jeunes filles de 7-10 ans voilées pour aller a l'école et dans les villages et les petites villes pas une femme la tête nue.
Alep a été pour moi un peu oppressante : des dizaines et des dizaines et des dizaines de femmes recouvertes de noir, un voile leur cachant le visage ou avec simplement un mince espace pour les yeux (quand elles ne portaient pas de grosses lunettes de soleil noires). Quelques jeunes étaient habillées librement, mais la grande majorité d'entre elles sont toutes voilées et beaucoup ont le visage cache. Je me demande comment elles font pour se reconnaitre quand elles se donnent rendez-vous en ville, comment elles arrivent a marcher de nuit... L'ambiance y est un peu lourde et malgré la présence de nombreux touristes, je ne m'y suis pas sentie super a l'aise.
A Hama (la ville des norias), je me reposais tranquillement sur un banc dans un parc, seule, quand une de ces femmes tout en noir est venue me demander si je voulais bien qu'on discute un peu. C'est avec plaisir que j'ai accepte, elle a retire sa voilette qui lui couvrait le visage, elle avait 20 ans. Après quelques banalités sur nos vies respectives elle a vite aborde le sujet de l'islam pour savoir ce que j'en connaissais. Mon anglais est limite, mais là, il l'était encore plus ! Elle m'a tenu un discours sur l'amour de l'islam, son ouverture, sa tolérance. Puis elle a voulu me faire visiter une mosquée mais toutes étaient fermées. Elle a voulu savoir si un jour je me tournerai vers l'islam... Discours un peu bizarre, je ne sais toujours pas trop quoi en penser.
A Damas on voit de tout : des fantômes noirs, des femmes joliment voilées bien maquillées, des jeunes femmes qui sortent le soir dans les bars cheveux nus ou voiles. Du coup l'ambiance est plus 'détendue' qu'a Alep. C'est vraiment génial.
Certaines choses choquent encore mon regard d'occidentale comme cette petite fille voilée vue dans le souk alors qu'elle ne devait pas avoir plus de 3 ans et ce petit bébé d'à peine 1 an voilée dans la cour de la mosquée. J'essaie de ne pas avoir trop de préjugés, mais je me demande si elles pourront réellement choisir plus tard de porter ou non le voile.
En tout cas, voilées ou non de noir, lorsqu'elles arrivent au hammam, elles posent tout, rigolent et fument comme des pompiers !
Sandrine
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